” Ceux qui ont le courage d’explorer la trame et la structure du cosmos, même si elles diffèrent profondément de leurs souhaits et de leurs préjugés, pénétreront ses mystères les plus profonds. “
Carl Sagan (1934-1996)
INTRODUCTION
Publié le 28 octobre 2021
Avant toute chose, je tiens à préciser que cette thèse ne s’inscrit pas dans un travail universitaire, comme beaucoup en font automatiquement l’association. Si l’on suit la définition du mot « thèse » donnée par le dictionnaire Larousse : « proposition théorique, opinion, position sur quelque chose dont on s'attache à démontrer la véracité », mon travail peut tout à fait recevoir ce titre sans recevoir la reconnaissance du système ou d’une quelconque ‘‘autorité’’ ; il n’en a pas besoin et n’en a que faire. C’est donc avec une liberté de pensée sans limite, sans concession et, surtout, sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit, que nous pourrons étudier, sous n’importe quels angles, toutes les matières chères à notre enthousiasme de polymathe. Grâce à cet état d’esprit, des idées originales ont pu fleurir, s’épanouir et se révéler en dehors de la plantation dans laquelle notre curiosité est enfermée habituellement. Être vivifié d’une telle ouverture est une bénédiction et j’aimerais, sans avoir à rougir, partager avec vous la rose de sa quintessence.
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La genèse de cette thèse remonte au jour où mes yeux se sont tournés vers le ciel, ou, du moins, à la nuit pendant laquelle je pris conscience que la voûte étoilée tournait inexorablement autour d’un point fixe, comme le ferait une roue autour d’un essieu. En contemplant ce spectacle grandiose, jamais je n’aurais cru que mes candides réflexions sur les rouages du cosmos me pousseraient à étudier une pléiade de disciplines, reliant l’astronomie aux sphères – apparemment immobiles – de la minéralogie.
Dans un premier temps, je me suis tourné vers la science académique, et malgré des découvertes probantes dans certains domaines comme celui de la physique quantique, j’y ai trouvé beaucoup de théories et très peu de théorèmes. Contrairement à un théorème, une théorie se base sur des spéculations : c’est un système formé d’hypothèses qui tente de trouver une cohésion à des principes établis, qu’elles soient philosophiques ou mathématiques. En d’autres termes, une théorie ne définit pas des règles et des lois immuables dans le réel. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, cet explicite constat semble pourtant avoir échappé à certains acteurs de la communauté scientifique, ceux qui continuent à prendre les vessies pour des lanternes. En effet, le dogme scientifique contemporain s’appuie sur des théories complexes qui ne se démontrent pas en dehors d’un langage mathématique dont l’abstraction côtoie des horizons de plus en plus surréalistes. Ce langage repose d’autant plus sur une architecture sémantique, où les équations tendent à s’alimenter, à s’intriquer et à se refléter mutuellement, en cercle fermé, formant, par la force des choses, un corps artificiel sur lequel on ne cesse de bâtir, sans se soucier de la solidité effective de ses fondations. La science théorique se compare alors à une tour de Pise, dont le corps se maintient admirablement bien, mais qui menace, à chaque fois qu’une division est ajoutée, de s’écrouler sous le poids de la somme de ses aberrations. Les lignes de glyphes mises en exergue dans les équations sont, certes, très impressionnantes pour le commun des mortels, mais, comme le soulignait René Guénon, s’éloignent de la réalité sensible qu’elles prétendent expliquer. Actuellement, la théorie des cordes est sans aucun doute l’exemple le plus révélateur pour confronter la complexité synthétique des mathématiques face à la rationalité de l’environnement biologique. Face à ce constat, une question se pose alors : pourquoi continue-t-on à dépenser autant de temps, d’énergie et d’argent à l’étude d’espaces qui n’ont aucune réciprocité avec la métrologie de la vie terrestre ?
Avant de s’intéresser à des domaines invisibles à l’œil nu, dans l’infiniment grand avec l’astrophysique comme dans l’infiniment petit avec la physique des particules, peut-être que le gratin scientifique gagnerait en authenticité s’il s’attardait davantage à réfléchir aux manifestations des lois de la nature avec le sérieux qu’on leur doit. C’est quand même paradoxal qu’à l’aube du XXIème siècle, la physionomie de la vie reste toujours une énigme, des plus tenaces, dans une communauté qui se vante de connaître les prémices de notre cosmos et d’en repousser sans cesse les limites ; peut-être devrait-elle redescendre d’un ton et s’occuper davantage de l’essentiel. Les causes (la cause ?) de la vie mériteraient beaucoup plus d’attention que ses effets. En voulant nous impressionner avec des abstractions conceptuelles qui ne reposent, dans l’absolu, sur rien de concret, les prestidigitateurs des universités masquent leur incompétence et leurs lacunes sur le(s) principe(s) élémentaire(s) de la réalité observable en subjuguant leur auditoire – leurs élèves et les amateurs de science-fiction – avec une poudre aux yeux assurément fascinante.
Le jour où les universitaires prendront leur distance avec une science théorique qui ne mène nulle part, peut-être que les grandes énigmes de la nature seront enfin reconsidérées dans leurs amphithéâtres. Quand ce jour arrivera, la science sera de nouveau en symbiose avec les fondamentaux universels de la physique. Les sujets de recherche ne manqueront pas. Nous pourrions commencer, par exemple, à nous intéresser à l’influence du rayonnement lunaire sur la croissance perpendiculaire d’un végétal, ou encore la relation polarisée et analogique entre les bronches d’un poumon et les branches d’un arbre : le premier est à l’abri de la lumière solaire, il inspire de l’oxygène et expire du dioxyde de carbone, le second absorbe du dioxyde de carbone et rejette de l’oxygène sous l’influence directe du Soleil.
Au début du XXème siècle, Nikola Tesla (1856-1943) – le visionnaire de la physique invisible – nous avait déjà averti sur les dérives mystificatrices qu'il percevait dans la science théorique (incarnée à son époque par Albert Einstein) dans le journal américain The New York Times en 1931 : « Le travail de relativité d'Einstein est un magnifique déguisement mathématique qui fascine, éblouit et rend les gens aveugles aux erreurs sous-jacentes. La théorie est comme un mendiant vêtu de violet que les ignorants prennent pour un roi... Ses représentants sont des hommes brillants, mais ce sont des métaphysiciens plutôt que des scientifiques ».
En effet, le cas d’Albert Einstein est plus que symptomatique pour révéler le marasme intellectuel dans lequel nous baignons. En ‘‘empruntant’’ les grandes lignes de sa théorie sur la relativité générale au physicien français Henri Poincaré (1854-1912), nous prenons très peu de risque en affirmant que la renommée de l’icône transgénérationnelle de la science relève plus de l’ingénierie sociale que du génie authentique. Avoir un spoliateur comme référence adulée est un signe des temps on ne peut plus représentatif du niveau de respectabilité que méritent ses institutions. Ces mensonges ne se limitent pas à l’honnêteté et à la moralité des piliers de notre société, ils touchent aussi la technologie que nous employons au quotidien. À l’heure où les ondes électromagnétiques connectent tous les habitants de la Terre, l’anachronisme entre l’ingénierie d’un téléphone portable et celle du moteur à explosion, dont la technologie de base est vieille d’environ cent soixante-dix ans, est plus que risible. Cela soulève une question à méditer en toute sincérité : les travaux ‘‘scientifiques’’ portés au firmament par le système, sont-ils les seuls qui ne menacent pas son hégémonie et la prospérité de son modèle économique ? La question mérite au moins d’être creusée…
Prenez donc garde, si vous voulez obtenir le diplôme d’une université prestigieuse et faire carrière, il est préférable d’éviter certains sujets. Diriger vos recherches en dehors du cadre imposé par le conformisme régalien, surtout lorsqu’elles s’attaquent aux théories des dieux indétrônables du panthéon scientifique, est une erreur à ne pas commettre. Malgré les impasses manifestes, il est aujourd’hui impensable de remettre en cause les croyances structurelles de l’Église scientifique. Refuser de se prosterner devant ses idoles signerait votre excommunication, la perte de votre crédibilité et de votre respectabilité.
Comme je n’ai rien à perdre, à gagner, ou même à prouver, il m’est plus facile de tenter de mettre en lumière la frivolité de la physique ‘‘extraterrestre’’ en ce qui concerne le premier intérêt de cette étude : les révolutions des astres au-dessus de nos têtes. Bien que les astrophysiciens soient toujours à des années-lumière de pouvoir mettre en évidence la mécanique sous-jacente à ces révolutions, ils s’obstinent toujours, ancrés dans le dogme de leur éducation, à vouloir démontrer ce phénomène par la loi universelle de la gravitation d‘Isaac Newton (1642-1726). L’équation de cette théorie permet effectivement de quantifier les paramètres de la chute d’un objet sur Terre, et donne une solution mathématique pour expliquer l’équilibre entre deux corps célestes, mais ne précise absolument pas la cause de leur déplacement, régulier, qui plus est. Depuis que l’ancien président de la Royal Society s’est prononcé sur la loi de la gravité, aucun membre de l’establishment ne cherche à s’étendre, avec un sérieux appliqué et digne de la méthode scientifique, sur la cause de la force de rotation (vectorisée par f dans l’illustration ci-dessous, où la course orbitale de la Lune autour du centre de la Terre est prise comme exemple). Cette force, pour reprendre la nomenclature courante, n’est jamais prise en compte : c’est précisément là que le bât blesse.
Si aucun élément de réponse sur l’origine de la force f ne peut être formulé, la gravité ne peut pas être validée telle qu’elle est présentée par la cosmologie contemporaine. À cela, il ne faudrait surtout pas oublier qu’aucun appareil ne peut la détecter et qu’aucun scientifique ne peut reproduire son champ en laboratoire. De toutes les interactions fondamentales, et parce qu’elle échappe le plus à notre compréhension, cette soi-disant force de cohésion reste l’un des plus épais mystères de la physique d’aujourd’hui. En conséquence, il ne faut pas avoir peur de reconnaître que le manque de rigueur scientifique qui entoure ce concept n’est pas rassurant sur la qualité de l’expertise et affaiblit les piliers sur lesquels sa réputation repose. Malgré tout, des spéculations, toujours plus invraisemblables les unes que les autres, continuent de se faire valoir sur la scène scientifique. En vérité, depuis la théorie de la courbure de l’espace-temps et les hypothétiques particules subatomiques du monde quantique appelées gravitons, nous n’avons pas avancé d’un iota. Pourquoi ? Simplement parce que l’origine de ce phénomène naturel reste toujours insondable avec la science de nos pairs. Ils se contentent d’expliquer que la cinétique des corps célestes est la réminiscence d’une hypothétique explosion à l’origine de notre univers – le fumeux ‘‘big-bang’’ – présenté au monde par le jésuite Georges Lemaître du début du XXème siècle. Quoi qu’il en soit, la gravité newtonienne pose un autre problème : l’unification entre la mécanique quantique et la théorie de la relativité générale. Si la gravité ne peut pas être retirée de l’équation, il faut savoir reconnaître que la physique théorique se heurte, une fois de plus, aux frontières de ses propres extravagances.
Une fois que nous avons accepté le fait que certaines théories sont actuellement enseignées comme des vérités, il est plus simple de reconnaître que la science a perdu le cœur de sa beauté immanente. Les heures glorieuses qui firent sa réputation sont désormais derrière elle et les flambeaux qui la dissociaient de la religion diffusent dorénavant une lumière plus que diffuse. Richard Feynman (1918-1988), prix Nobel de Physique en 1965 pour ses travaux sur le développement de l'électrodynamique quantique, n’avait aucun problème à avouer que : « la science est la croyance en l'ignorance des experts ».
Même si le modèle standard de l’astrophysique semble se satisfaire, notre appréhension de l’univers reste toujours juvénile, incorrecte et cousue de fils blancs. Le genre humain ne pourra jamais s’émanciper de son âge de pierre cosmique si nous nous acharnons à vouloir construire, toujours plus haut, sur les fondations d’une “science” qui a démontré ses limites et qui relève plus de la théorie fantastique que du théorème empirique. C’est un fait : la science a sombré dans des systèmes doctrinaux dont elle a du mal à faire l’exorcisme. Et les garde-fous universitaires, auréolés d’une vanité affichée, ne manquent jamais l’occasion de ridiculiser tout ce qui n’est pas issu de leur champ des possibles. Une telle mentalité ne pourra jamais initier le changement de paradigme dont le monde scientifique a besoin pour évoluer. Le jour où notre approche fusionnera avec les principes à la source de la création, peut-être que la nature nous révélera de nouveau les engrenages utilisés par le régisseur de sa magistrale horloge.
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En dépit de ce consensus, aussi agaçant soit-il, il ne faudrait surtout pas tomber sous les projecteurs de l’extrémisme et rejeter toutes les théories d’un revers de main ; certaines sont dignes d’intérêt, parce qu’elles émanent, non plus des mathématiques, mais de l’intelligence pure. Nous pensons particulièrement aux notions quelque peu obscures d’énergie et de matière noire, qui ont mis en ébullition la communauté scientifique suite aux observations d’Edwin Hubble en 1929. Depuis, beaucoup d’astrophysiciens pensent que l’expansion de notre univers serait liée à un phénomène dynamique, invisible et intrinsèque à l’espace. Considéré jusque-là vide à 96%, cet espace ne le serait pas du tout, il serait rempli d’une substance énergétique, indescriptible à notre monde tangible qui interagirait néanmoins avec celui-ci. Le vide serait donc plein d’une essence cinétique, plus ou moins dense, que personne ne peut, pour l’instant, expliquer, mesurer ou reproduire. Il n’est donc pas impossible que derrière le monde accessible aux sens de l’homme se cache un continuum dont nous ignorons totalement l’existence. Et ce n’est pas David Bohm (1917-1992), un des pères de la physique quantique, qui nous apportera la contradiction, puisqu’il déclara : « L’espace n’est pas vide, il est plein. L’univers n’est pas séparé de cette mer cosmique d’énergie noire ».
Au regard de la cosmologie universitaire, plusieurs questions fondamentales sur la mécanique céleste restent encore sans réponse. Voici, à mon avis, les plus perspicaces :
- Qu’est-ce qui pousse la Terre à tourner sur elle-même ?
- Qu’est-ce qui pousse la Terre à tourner autour du Soleil ?
- Qu’est-ce qui pousse le système solaire à tourner autour du centre de la galaxie ?
- Pourquoi les planètes tournent-elles autour du Soleil sur un plan commun ?
- Pourquoi les planètes tournent-elles sur elles-mêmes ?
- Pourquoi peut-on prédire le mouvement et la position des astres avec une si grande précision dans le temps ?
- Pourquoi la Terre, le Soleil et toutes les planètes ont-elles toute la forme d’une sphère ?
- Suivant la loi de la physique action-réaction, quel type d’énergie est consommé dans le mouvement des astres ?
- Est-il possible que le mouvement circulaire de nos astres brillants soit une réaction à l’action de cette mystérieuse énergie noire ?
- Les mystères qui entourent la mécanique de la gravité universelle ne seraient-ils pas les effets observables d’une cause invisible au sein de l’énergie noire ?
Je pense que les réponses à ces questions se trouvent dans le cœur de cette abstraction du monde matériel qu’on appelle « énergie noire ». Mais, sachant que cet espace est invisible, inconnu et inexploré, comment pouvons-nous franchir ses portes et l’appréhender ? Si la science moderne avait atteint ses limites, vers où nous tourner ?
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À l’âge de 30 ans, je mis la main sur un livre intitulé « Le mystère des Cathédrales et l’interprétation ésotérique des symboles hermétiques du grand œuvre », écrit par Fulcanelli, le célèbre adepte français. Cet ouvrage, classique et incontournable en matière d’alchimie, m’a donné les clés tant recherchées pour enfin déverrouiller les portes du royaume métaphysique de l’énergie noire : il fut l’étincelle qui mit le Feu aux poudres.
Cependant, les clés de cet accès étaient précieusement gardées derrière l’écran de fumée d’un langage ‘‘imagé’’, de type cryptographique, cabalistique. Curieusement, l’essence mystérieuse de cet Art embauma mon esprit dès les premiers paragraphes écrits par le maître, et malgré mon impuissance à fixer son parfum, sa vibration ne m’était pas étrangère, son arôme résonnait déjà de manière très significative, naturellement, intuitivement, en mon for intérieur, depuis ma plus tendre enfance, sans savoir que cet axiome existait en dehors de l’entendement de mon jardin secret. Le meilleur moyen d’éclairer votre lanterne est de définir la cabale (du latin « cabbalus ») : « c’est une langue d'espèce hiéroglyphique, jouant sur tous les registres de l’expression : images, mots, lettres, nombres, sons, couleurs, formes, poids, etc... Ainsi que sur des conventions secrètes, dont la métaphore et les rébus emblématiques sont le type le plus répandu. Elle n'a pas de forme propre ou particulière, et ne dépend que de la culture et de l'imagination de ceux qui la mettent en œuvre ».
Aujourd’hui, malheureusement, la seule « kabbale » connue par l’atrophie de la culture occidentale, et de la maçonnerie spéculative, est apparue dans la tradition rabbinique au XIIIème siècle en Espagne, par l’intermédiaire du Zohar (le livre des splendeurs). Contrairement au consensus prosélyte, « kabbale » ou « kabbalah », voire même « qabbalah » dans le but de servir une mystification plus efficace, n’est pas un courant original, isolé et prépondérant, mais le simple reflet donné par la mystique juive d’une tradition ancestrale qui l’a précédée. D’ailleurs, le mot « kabbale » n’est pas d’origine hébraïque puisqu’il tire son étymologie du grec « kabbalès ». C’est pourquoi, afin d’éviter le piège des homophonies, de promouvoir les inepties de la culture populaire et d’affirmer l’universalité de son affiliation, les savants, ou autres experts en la matière, aiment plutôt employer le terme de « cabale Hermétique » (en l’honneur du dieu grec Hermès) au lieu de « cabale ».
Dans tous les cas, que ce soit « cabbalus » en latin et « kabbalès » en grec, ces termes définissent tous les deux l’animal emblématique de la connaissance depuis la plus haute Antiquité : le cheval. La relation sémantique entre « cabaliste » et « cavalier » devient on ne peut plus évidente, cohérente et justifiée au regard des contes initiatiques écrits, depuis les premières croisades et la découverte du folklore oriental, par Chrétien de Troyes. Du haut des sympathies astronomiques que nous partageons ici-bas, comment de ne pas contempler les chevaliers de la table ronde, le Roi Arthur et la quête du Saint-Graal – le calice des calices – sous un angle différent du prisme Hermétique ? Ce n’est pas un hasard (« hasard » est un terme d’origine perse, il se traduit par « la main de Dieu ») si la journée du héros – toujours incarné par un preux cavalier (l’expression du Donum Dei) – soit si emblématique pour une tradition initiatique qui remonte à la nuit des temps. C’est un fait, et nous aurons l’occasion de le démontrer plus en détail, la monture de Pégase se chevauchait déjà sous le dôme étoilé des castes sacerdotales chaldéo-égyptiennes.
Afin de comprendre comment l’esprit de la cabale Hermétique s’articule, prenons un exemple littéraire avec le mot « occulte » (ce choix n’est pas anodin, puisqu’il permettra d’éloigner de votre pensée l’association que la culture vulgaire en fait avec les pratiques démoniaques). La structure de ce mot se décompose en « o », « c » et « culte ». Pour un Hermétiste, le « o » (pointé) est le signe hiéroglyphique du Soleil et « c », dans sa courbure, celui de la Lune ; en conséquence, « occulte » met l’accent sur le culte voué à ces deux luminaires. D’un point de vue opératif, cette lecture résonne avec la définition donnée par le dictionnaire Larousse : « Qui agit, ou qui est fait de façon secrète, dont les buts restent inconnus, cachés : une influence occulte ».
Avant que l’universalité de la cabale Hermétique ne soit fourvoyée par la kabbale, et que l’École des Beaux-Arts feigne l’amnésie, tous les Artistes (dignes de cette majuscule) s’en sont servis dans leurs œuvres pour parfaire le beau sous les meilleurs arcanes de celui-ci jusqu’à la fin du XIXème siècle. Lorsque je pris pleinement conscience que ces esthètes se servaient de leur création comme un canevas initiatique, mes pieds ne touchèrent plus le sol pendant quelques jours et mon excitation frisa l’illumination. En effet, la portée d’une telle pratique dans ma relation avec l’Art, aussi bien pour l’interprétation du concept que pour l’exégèse de la culture en général, fut une révélation sans précédent dans ma vie, car jamais je n’aurais pu imaginer que la prédisposition naturelle à trouver des analogies entre des choses qui, a priori, n’en avaient aucune, se révélerait un jour être un de mes meilleurs atouts dans ma quête de l’absolu. Ce que j’avais toujours pris pour une malédiction – une pathologie psychologique – m’apparaissait désormais être un don qu’il fallait exploiter. Un signe venait de m’être envoyé, et je pris son message avec la plus haute des considérations : l’Hermétisme m’habitait. Les facéties qui entourent la destinée sont décidément plus que romantiques, puisque la voie de cette tradition avait la potentialité de devenir une source d’inspiration intarissable et de canaliser mes élucubrations les plus métaphysiques. Je sus alors, sans l’ombre d’un doute, que les portes du mystérieux royaume de l’invisible n’étaient plus à jamais scellées. À l’aube de mes 33 ans, depuis le monde sublunaire, je me suis orienté vers le Soleil levant.
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Avant de poursuivre, il me semble important d’ouvrir une brève parenthèse dans le but d’expliquer pourquoi la Philosophie Hermétique et ses applications opératives ; l’alchimie, la magie et l’astrologie, ne sont plus respectées et valorisées comme elles le furent par la science de nos anciens. Assurément, la simple évocation de l’une d’elles suffit à déclencher les ricanements de nos contemporains. Cette mentalité, aussi méprisante soit-elle, fut chapeautée par un courant de pensée né au XVIIIème siècle, qui osa détourner, sans aucune pudeur, le sens et l’utilisation du mot « philosophie ». Soyons très clairs sur ce sujet, la Philosophie authentique n’a rien en commun avec la ‘‘philosophie’’ du siècle des lumières ; les spéculations sociologiques, humanistes et naturalistes de celle-ci n’ont jamais été les centres d’intérêt – plus salvateurs – partagés des philosophes de l’Antiquité tels que Zarathoustra (environ VIème av. JC), Aristote (384-322 av. J.-C.) ou Confucius (551-479 av. J.-C.). Il est certain que la quête de la spiritualité, de la sagesse et de la vérité n’était pas animée de la même pureté chez les rédacteurs de l’Encyclopédie et de leurs consorts germaniques.
Du reste, pourquoi ne pas avoir appelé leur courant intellectuel « la philosophie de la Lumière » au lieu de « la philosophie des lumières » ? Mettre le mot « lumière » au pluriel marque une intention diabolique malfaisante de fragmenter ce qui ne peut pas l’être. Par cette manipulation, a priori anodine, la vérité n’existe plus en tant que telle, mais devient faussement multiple et à géométrie variable selon l’orientation de chacun. Ne nous laissons surtout pas aveugler par les tartuferies mondaines d’une certaine bourgeoisie de salon. Ne perdons surtout pas de vue que l’authentique définition de la Philosophie est, dans son excellence étymologique, l’amour de la sagesse. Pythagore (VIème siècle av. J.-C.) précisait : « je suis philosophe, non pas quelqu’un qui prétend posséder la sagesse, mais un homme qui s’efforce vers elle ». Attribuer aux mots une architecture revisitée, afin de détourner la puissance de leurs égrégores, fait partie des perversités qui ont été utilisées et financées par une “élite” dominatrice pour asseoir la pérennité de leur pouvoir par la destruction de l’héritage traditionnel de notre passé. Sous l’impulsion révolutionnaire du siècle des lumières, imputée à tort au peuple par nos livres d’histoire, la société entra dans un obscurantisme effréné et mortifère. Tout ce qui était rattaché aux croyances de la culture précédente devait disparaître, s’effacer, s’oublier, et comme un symbole, nos majestueuses cathédrales furent saccagées.
La mentalité jacobine, parachevée par des initiations fallacieuses, où les arrivistes en tout genre se sont engouffrés, porta définitivement le coup de grâce avec l’idée abjecte que l’homme pouvait désormais être considéré comme l’égal de Dieu. Ce genre de doctrine est un blasphème au regard du verset 1 Corinthiens 6:19 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? » Dès lors, l’enseignement gnostique de la transcendance divine n’avait plus sa place dans le temple. Et l’opératif fut sournoisement remplacé par le spéculatif : pourquoi s’évertuer à regarder le ciel et son planisphère étoilé, puisqu’aux yeux de ces marchands, qui n’ont jamais vraiment quitté le temple, il n’existe plus de vérité en dehors de celle de l’œil qui voit tout ?
Depuis l’avènement de l’illuminisme : matérialiste, naturaliste et nominaliste, tout ce qui ne peut être démontré, qualifié ou mesuré, n’existe plus. Comme Saint-Thomas, la science de l’encyclopédie ne croit désormais que ce qu’elle voit, et les doctrines Hermétiques furent définitivement rangées sur les étagères de la superstition. Et n’ayons pas peur des maux, ce rationalisme triomphant est à l’origine de l’immobilisme, du conformisme et du rationalisme de la communauté scientifique d’aujourd’hui. René Guénon précisa en son temps : « Le rationalisme se définit essentiellement par la croyance à la suprématie de la raison, proclamée comme véritable dogme, impliquant la négation de l’intuition intellectuelle pure, ce qui entraîne logiquement l’exclusion de toute connaissance métaphysique véritable ».
Parenthèses fermées, revenons à une approche plus verticale de nos considérations.
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Depuis que les sociétés n’ont d’initiatiques que le qualificatif, le seul moyen de trouver la grâce tant recherchée est de se servir soi-même. La première étape concerne l’assimilation des arcanes de la Philosophie Hermétique, et en son sein, l’étude de ses textes est inévitable. Pour un occultiste, ce travail ne demeure pas moins une mince affaire, puisque cette littérature regorge de faux-semblants. Si vous ne saviez pas que les initiés voilaient toujours leurs écrits à l’aide de la cabale Hermétique, afin d’éloigner les envieux, leurs grimoires n’étaient d’aucune utilité. Beaucoup d’aspirants furent ainsi mal inspirés. Michel Sendivogius, le célèbre alchimiste du XVIIème siècle, plus connu sous le nom du Cosmopolite, nous avertissait déjà : « Si Hermès, le père des Philosophes, ressuscitait aujourd'hui, avec le subtil Géber, le profond Raymond Lulle, ils ne seraient pas regardés comme des Philosophes par nos Chymistes vulgaires, qui ne daigneraient presque pas les mettre au nombre de leurs Disciples, parce qu'ils ignoreraient la manière de s'y prendre pour procéder à toutes ces distillations, ces circulations, ces calcinations et toutes ces opérations innombrables que nos Chymistes vulgaires ont inventées pour avoir mal entendu les écrits allégoriques de ces Philosophes ». À cela, il faut ajouter qu’après le tsunami de l’illuminisme entre le XVIIIème et le XIXème siècle, les faux prophètes se sont permis, afin de subjuguer leur auditoire, “d’enrichir’’ l’héritage d’Hermès de textes tout droit sortis de leur imagination. Sachant qu’il faut contourner ces supercheries, l’essentiel de notre exégèse doit donc se concentrer sur les textes de la tradition orientale qui furent traduits en grec depuis les conquêtes d’Alexandre le Grand au IVème siècle avant l’ère Chrétienne.
Lorsque le Macédonien s’empara de l’Égypte et y installa un de ses généraux comme nouveau pharaon (« pharaon » est un terme d’origine grecque qui se traduit par « celui qui porte le Soleil »), l’horizon de cette terre ancestrale fut ravivé par la flamme lumineuse d’un nouveau phare. La plupart du temps, l’annexion d’une terre sonne souvent le glas de la culture locale, mais avec la lignée des pharaons ptolémaïques ce ne fut pas le cas. Plutôt que de détruire pour imposer leur vision, les nouveaux législateurs reconstruisirent le pays pour lui redonner sa splendeur d’antan. Sous l’impulsion de la Philosophie aristotélicienne, la culture gréco-hellénistique se mélangea aux enseignements des écoles de mystères égyptiennes et aux traditions multimillénaires du monde mésopotamien. Qu’il vienne de l’un des premiers prophètes perses, en la personne de Zarathoustra (dont le nom signifie « l’étoile d’or » ou « la splendeur du Soleil »), ou des temples situés sur les rivages du Nil, l’enseignement initiatique des castes sacerdotales reçu par les Grecs n’est certes pas nouveau, car il est souvent répété que Platon (428-347 av. J.-C.) et Pythagore (570-495 av. J.-C.) en avaient déjà largement profité de leur temps. La ville d’Alexandrie – rebaptisée du nom de son conquérant – devint alors un lieu de rencontre et d’échange très prisé par tous les occultistes du bassin méditerranéen en matière d’Hermétisme. Dans ce prodigieux et merveilleux foyer d’érudits, de savants et de mages, la gnose (« gnosis » se traduit du grec par « la connaissance » et procède du désir de connaître Dieu et ses secrets) fut incroyablement magnifiée. Mais, malheureusement pour le salut de l’Humanité, la plupart des manuscrits produits durant cette effervescence spirituelle semblent avoir péri dans les flammes de la mémorable bibliothèque. Cette ultime barbarie contre l’héritage de nos pairs historiques ne fut pas seulement le témoin d’un changement de mentalité, elle marqua au fer rouge l’entrée de notre civilisation sous le joug temporel de l’empire romain pour les millénaires à venir.
Même si, aujourd’hui, le pouvoir de Rome n’est plus aussi prépondérant dans sa visibilité, soyez certain que son pouvoir a su traverser les âges : après avoir conquis ses terres par l’épée, l’Église catholique – héritière directe de l’Empire – s’est ensuite emparée des âmes par le crucifix.
Fort heureusement pour la tradition, 17 manuscrits, issus de la Philosophie égyptienne à l’ère ptolémaïque, refirent surface sous les traductions de Marsile Ficin (1433-1499) – l’inévitable sommité de la Renaissance italienne. Rassemblés sous l’appellation de Corpus Hermeticum, ces textes sont considérés comme les textes fondateurs de l’Hermétisme ; sur la voie des sages, leur Philosophie rayonnante agit comme un prisme naturel et décompose la Lumière de la révélation divine dans les thématiques suivantes :
- Ordre du cosmos
- L’unité (omniscience, omnipotence et omniprésence de l’éternel)
- Le Soleil
- Le démiurge
- Cohésion des sphères
- Fusion des contraires et la polarité
- Le visible et l’invisible
- La vérité et l’illusion de notre réalité
- La création à travers la mise en mouvement circulaire de l’unité
- Le noos et la volonté créatrice
- Le temps, l’espace et la matière
- Le corps, l’âme et l’Esprit
- Le bon, le beau, le bien et le juste
- Les vices et les vertus
- La création est un Art et la notion d’harmonie
- L’Ogdoade
- L’intelligence et sa relation à l’homme-dieu
- Le rapport 12/10 (ou 6/5)
- Le zodiaque et l’astrologie
À l’évidence, l’évocation de l’astrologie dans cette liste peut paraître on ne peut plus surprenante, mais sachez, malgré le sort qui lui est aujourd’hui réservé, que les mages-initiés en ont toujours fait la pierre angulaire de toutes les sciences de l’Antiquité. Avec la magie et l’alchimie, cet ésotérisme rassemble, sous le vocable de la théurgie, les 3 voies opératives de la Philosophie Hermétique. Elles forment un tout harmonieux, indissociable les unes des autres. Il est alors peu probable qu’un alchimiste puisse se définir comme tel sans avoir été initié aux magistères des deux autres disciplines. L’importance de cette trinité fut très bien comprise par les Grecs, puisqu’elle est suggérée dans le nom du dieu associé au père des philosophes, le bien nommé : Hermès-Trismégiste. En effet, à côté de la traduction communément admise de « trismégiste » par « le 3 fois très grand », on peut tout à fait, grâce à la phonétique, soumettre à l’hypothèse un autre niveau de lecture, soit « les 3 magistères ». Même si la doctrine trinitaire de l’unité a traversé le temps par le Panthéon du monde grec, son origine historique est bel et bien égyptienne. La splendeur de ce testament se retrouve sur le plateau de Gizeh, où les 3 pyramides rappellent à l’intellect du contemplateur que la trinité divine est atemporelle, immortelle et indestructible. Comment ne pas être subjugué devant la majesté, la grandeur et le génie de la civilisation qui les a bâties ? Les propriétés géométriques, astronomiques et énergétiques implicites à ces volumes révèlent aux yeux de tous, mais surtout à ceux qui savent voir au-delà des apparences, la beauté d’une pensée que la nôtre n’a jamais égalée.
L’héritage de cette intelligence, venue de la nuit des temps, se personnifie également dans les attributs du messager des dieux égyptiens, Djéhuty-Thot, dont la tradition s’est toujours plu à faire la comparaison avec Hermès-Trismégiste. La plume du regretté Jean Phaure (1928-2002) décrivait Djéhuty-Thot ainsi : « il est le scribe de l'Ennéade divine, le pinceau avec lequel écrit le dieu de l'univers, le créateur des langues, le grand magicien des sphères qui préside à la création originelle pour appeler le monde à l'existence par la parole, aux côtés de Ptah. Il est surtout celui qui préside à l'ordre du monde, le grand calculateur, le maître des cycles du temps ». Il est important de préciser que dans la théogonie des Égyptiens, Djéhuty-Thot n’était pas considéré comme un dieu au sens propre du terme, mais plutôt comme un neter (très proche phonétiquement de « nature ») ; soit l’anthropomorphisation d’une Force, d’une action de l’immanence divine dans le monde manifesté, une sorte d’hypostase ou un æon, comme aimaient le définir les gnostiques. On ne peut plus être aussi charitable en vous offrant la clef qui ouvre l’accès aux 12 versets de la Table d’Émeraude (Tabula Smaragdina en latin ou Lawḥ al-zumurrudh en arabe), sur laquelle tout le firmament de la Philosophie Hermétique est synthétisée. Tous les occultistes, versés dans l’histoire des religions, se sont pris de passion pour ces écritures gravées sur une émeraude – une pierre précieuse de couleur verte ; selon leur culture et leur époque, les plus lettrés d’entre eux ont produit une kyrielle de traductions, plus ou moins représentatives de la première version écrite en arabe au IXème siècle : l’appendice du Livre du secret de la création (Kitâb sirr al-Halîka). Du point de vue de la tradition, l’affiliation arabisante n’est pas dénuée de sens puisque les descendants des Perses délogèrent les Byzantins d’Alexandrie au VIIème siècle, et devinrent, par la force des choses, les vecteurs actifs de la transmission initiatique.
Personnellement, je préfère la traduction faite au XIVème siècle par Hortulain à partir de la Vulgate latine :
I. Tout ce qui est en bas, est ce qui est en haut : et ce qui est en haut, est ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose.
II. Et comme toutes choses ont été, & sont venues d’un, par la médiation d’un : ainsi toutes les chose ont été nées de cette chose unique, par adaptation.
III. Le Soleil en est le père, la Lune est sa mère, le vent la portée dans son ventre ; la terre est sa nourrice.
IV. Le père de tout le Telesme de tout le monde est ici. Sa Force ou puissance est entière,
V. Si elle est convertie en Terre.
VI. Tu sépareras la terre du Feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie.
VII. Il monte de la terre au ciel, & derechef il descend en terre, & il reçoit la Force des choses supérieures & inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; & pour cela toute obscurité s’enfuira de toi.
VIII. C’est la Force forte de toute force : car elle vaincra toute chose subtile, & pénétrera toute chose solide.
IX. Ainsi le monde a été créé.
X. De ceci seront & sortiront d’admirables adaptations, desquelles le moyen est ici.
XI. C’est pourquoi j’ai été appelé Hermès-Trismégiste, ayant les 3 parties de la Philosophie de tout le monde. Ce que j’ai dit de l’opération du Soleil est accompli, & parachevé.
Ces vers trouvent une curieuse résonance avec le prologue de l’Évangile de Saint-Jean, cité ci-dessous :
I. Au commencement était le Verbe (le Logos), la parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
II. Il était au commencement auprès de Dieu.
III. Par lui, tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
IV. En lui était la vie, et la vie était la Lumière des hommes ;
V. La Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont par arrêtée.
VI. Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
VII. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
VIII. Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
IX. Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
X. Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu.
Effectivement, les similitudes entre les deux textes sont plus que frappantes. Par conséquent, les scribes de l’Église catholique se sont probablement inspirés de la sapience contenue dans le souffle des textes Hermétiques. Dans la création des ‘‘Saintes Écritures’’, le plagiat de manuscrits antérieurs par les Pères de l´Église se confirme à deux reprises. D´une part, L’Évangile de Jean ressemble, à s’y méprendre, aux Évangiles gnostiques de Cérinthe, écrits au premier siècle de l´ère chrétienne. D´autre part, l´Apocalypse (« apokalypsis » se traduit du grec par « révélation »), écrite par Saint-Jean, est l’assemblage d’une kyrielle de textes sacrés, comme le Livre d’Hénoch ou le Livre d’Ezéchiel.
Dans un sens, la volonté d’incorporer des connaissances ancestrales au message de l’apôtre favori du Christ, qui est toujours accoutré d’un manteau vert dans l’iconographie, indique que le catholicisme s’est façonné sur des doctrines préexistantes. En plus, n'oublions pas qu’avant l’invention de l’imprimerie au XVème siècle, falsifier un manuscrit était un jeu d’enfant, et les mystificateurs, ayant soif de suprématie religieuse, manièrent cette pratique avec le succès que l’on connaît. Par exemple, en ce qui concerne les écritures de l’Ancien Testament, tous les exégètes savent que les Dix Commandements, supposément délivrés à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï, ne sont qu’un vulgaire plagiat du paragraphe 1:125 du Livre des Morts Égyptiens. Que cela vous plaise ou non, la théologie judéo-chrétienne n’est qu’une pâle copie des préceptes gnostiques du neter à l’unique œil vert : Hor ou Horus – le porteur de Lumière égyptien. Rien de nouveau sous le Soleil, les Hébreux ont également recyclé ce qui existait déjà avant eux. C’est pourquoi les différents textes bibliques, le Pentateuque et les Évangiles canoniques ne pourront jamais être considérés comme des vérités historiques ou des références théologiques indiscutables.
Malgré tout, même altérée, la littérature sacrée recèle encore bien des trésors initiatiques sur lesquels il serait bon de se pencher, car le syncrétisme théosophique, que l´on retrouve dans les textes des différentes cultures civilisationnelles, suggère irrémédiablement une origine commune, un syncrétisme, une sorte de tradition primordiale comme aimait à le définir René Guénon.
Ceci dit, revenons aux vers de la Table d’Émeraude.
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Dans ces vers, ce qui frappe de prime abord notre attention est le principe totalement novateur qu’une Force (« le Verbe » dans le prologue de Saint-Jean) serait lié à la création du monde, à l’action du Soleil (symbole de la Lumière) et à la médiation de l’unité. Cette conception ancestrale de la genèse de la matière est singulièrement très proche de la déclaration que fit Max Planck, prix Nobel de physique en 1919 : « toute matière n’existe qu’en vertu d’une Force qui fait vibrer les particules et maintient ce minuscule système solaire de l’atome. Nous devons assumer derrière cette Force l’existence d’une conscience et d’un Esprit intelligent. Cet Esprit est la matrice de toute matière ». On ne peut qu’être sidérés par la connaissance des initiés de l’Antiquité, à savoir qu´ils avaient déjà compris ce que les hommes du XXème siècle commençaient à peine de découvrir. Et ne nous méprenons pas, c’est bel et bien l’existence de Dieu qui est suggéré par cette sommité de la communauté scientifique. La réalité de champs inaccessibles, indescriptibles et incommensurables ne peut plus être regardée comme un artifice de films de science-fiction ou comme les divagations des maîtres de sagesse venus d’Orient. Il est vrai que notre génération pense automatiquement aux films de Georges Lucas dès que l’idée d’une force est mentionnée. Il est aussi vrai que personne ne se doute que la description de la Force faite par maître Yoda à son jeune apprenti : « Mon allié est la Force et c'est un allié puissant. La vie la crée, la fait croître, son énergie nous entoure et nous lie. Nous sommes des êtres lumineux, pas de cette matière brute. Tu dois sentir la Force autour de toi, entre toi, moi, l'arbre, le rocher, partout. », est en tout point similaire à celle de la tradition des mages. Maîtriser la Force, c´est accéder, comme vous l´avez deviné, au rang de chevalier… Après de longs siècles d’ineptie religieuse, la science adogmatique et la culture populaire peuvent enfin se réconcilier sur le terrain fertile de la clairvoyance gnostique.
Grâce à ces révélations sur la Force, qui assimile la création à la volonté d’une conscience intelligente ou d’un démiurge, les 12 versets de la table d’émeraude guident la conscience de chacun sur la primauté et l’exactitude de la vision des disciples d’Hermès. Là où nos pairs se limitent à une science des effets : matérielle, nos ancêtres surpassaient déjà le monde intelligible et se concentraient directement sur la cause de la manifestation : spirituelle, en dehors du temps et de l’espace.
Dans la culture Hermétique, les initiés ont toujours comparé les propriétés de la substance spirituelle précédant la matière à celle d’un océan, car son eau remplit le “vide” (« vidyā » « विद्या » se traduit par « la connaissance » en sanskrit) comme l’eau remplit n’importe quel récipient. Cet océan fait écho à la mer cosmique d’énergie noire à laquelle David Böhm faisait allusion. Puisque l’homophone de « mer » : « mère », vient de « mater » en latin, nous pouvons tisser des liens sémantiques intéressants entre « mère », « mer », « mercure » (avatar d’Hermès-Trismégiste chez les Latins), « matière », « matrice » et « Marie » (« Marie » est l’anagramme d´« aimer »).
Si cette matrice invisible est à l’origine de toute manifestation, l’assomption qu’elle soit vierge coule de source et l´emblème de la Vierge noire (le noir, en opposition à la synthèse des 6 couleurs du spectre visible, exprime l’absence de lumière), comme celui de la Vierge Marie devient alors plus explicite sous l’angle de la théosophie, puisque la Sainte-Vierge, la reine mère, la mer divine, est la figuration ordinaire du mercure des philosophes. Curieusement, l’anagramme d´« énergie noire » est « reine ignorée », ce qui nous rappelle la parabole du verset 1:5 du poème biblique du Cantique des Cantiques, probablement né des amours entre le Roi Salomon et la Reine de Saba : « je suis noire, mais je suis belle (…) ».
Au XIIème siècle, dans son ouvrage Livre secret traitant de l’art caché et de La Pierre Philosophale, l’alchimiste Artéphius nous présentait l’eau des sages de cette façon : « Ô combien est précieuse et magnifique cette eau ! Car sans elle, l’œuvre ne pourrait parfaite : aussi est-elle nommée le vaisseau de la nature, le ventre, la matrice, le réceptacle de la teinture, la terre et sa nourrice, elle est la fontaine dans laquelle se lavent le Roy et la Reine, et la mère qu’il faut mettre et sceller sur le ventre de son enfant qui est le Soleil ». Commencez-vous à comprendre comment les cabalistes brouillèrent délibérément les pistes remontant à l’océan primordial par le maniement d’un champ lexical volontairement alambiqué, afin de définir une chose unique, soit, en l’occurrence, l’unicité de la matière – la materia prima ?
Dans le Corpus Herméticum, le verset 16 de l’extrait d’un discours d’Hermès à Tat affirme que : « Tout ce qui existe est en mouvement ; le non-être seul est immobile ». L’unité, état préliminaire à la manifestation divine, pourrait alors être imaginée comme de l’énergie sous forme d’ondes stationnaires, et lorsque cette énergie est vectorisée, le tout se met en mouvement pour créer l’espace, le temps et, par conséquent, la matière. La matrice universelle naît de la rupture de l’équilibre spatial de l’unité : cette première impulsion est la Force forte de toutes forces, son Spiritus Mundi et son Saint-Esprit. C’est le passage de l’Ain Soph à l’Ain Soph Aur dans l’arbre de vie de la kabbale hébraïque.
Un cabaliste chevronné décomposerait le mot « saint » en 3 parties, soit « s », « ain » et « t ». Le « t » muet est le tracé d’une croix, il exprime le centre. « Ain » est le principe qui précède la matière, qui définit l’« abîme » et « la non-existence » en hébreu et s’entend « un », chiffre de l´unité en français, et « s » est la lettre de la manifestation, parce qu’elle ondule comme la représentation graphique d’une pulsation. En d’autres termes, le saint est une personne dont la signature vibratoire résonne avec la première impulsion émanant du centre de l’unité. C’est la raison pour laquelle l’âme d’un saint – son esprit – sera toujours au plus près de la résonance divine et créatrice de l’Éternel.
Les différents états de la matière pourraient alors se comparer aux barreaux d’une échelle, où la Force matricielle se cristallise, ou se condense graduellement, dans des formes plus ou moins régulières. Cet état de fait est appuyé par la meilleure définition que vous pourrez trouver de l’alchimie, celle de Fulcanelli : « l’alchimie est la permutation de la forme par la Lumière, le Feu ou l’Esprit ».
Même si, d’après le
témoignage d’Irénée Philalèthe (1628-1665), la transmutation métallique semble être une
réalité, il est important de souligner faire de l’or pour s’enrichir n’a jamais
été la finalité de l’alchimie. Là encore, beaucoup se sont fourvoyés à ne pas
comprendre les écritures cabalistiques de nos aînés. Séparer le pur de l’impur,
c’est passer d’une matière vile à une matière rectifiée. Plus les arrangements
moléculaires deviennent simples et ordonnés, plus la matière
et la source matricielle tendent
graduellement vers la réunification, vers l’unité. La matière se purifie dans
une révolution inverse à la chute luciférienne (« Lucifer » est
« le porteur de Lumière »
en latin, et il apparaît pour la première fois dans la mythologie grecque, où
il est le gardien des chevaux du dieu solaire Apollon), d’où le concept
Nietzschéen de l’éternel retour. La fameuse immortalité, sur laquelle les
rêveurs fantasment tant, n’est peut-être finalement que la recherche de
l’éternité, de l’immobilité absolue, là où l’éternel se repose, au plus près de
l’unité. Le royaume de la science des adeptes est donc, par définition, en
dehors du temps et de l’espace. En outre, contrairement à la science moderne
qui se préoccupe exclusivement de la matière, l’alchimie, la magie et
l’astrologie se polarisent directement sur la matrice et les lois invisibles
qui l’animent.
-
L’astrologie jauge les variations énergétiques du
Feu céleste, en observant les influences des astres et des planètes sur le
monde terrestre
-
L’alchimie représente la manifestation de ce Feu dans les organismes, a priori, inanimés (les
minéraux et les plantes)
- La magie canalise directement ce Feu dans le corps de l’adepte. Celui-ci, en tant que mage dans le sens noble du terme, possède une maîtrise parfaite du Feu cosmique. Il parvient à faire transiter cette Force à travers les chakras de son corps, afin de la moduler et de la rediriger selon l’usage qu’il souhaite en faire. Si l’amour divin remplit son cœur, il pratiquera alors la magie blanche, visant à créer harmonie et bien-être. À l'inverse, s’il se laisse séduire par les ténèbres, il pourra sombrer dans la magie noire, utilisant cette même Force pour semer division et destruction.
À l’horizon de nos réflexions, il apparaît que le principe moteur de toute existence – la Force sous-jacente à la vie – est généré par une matrice qui trouve son origine en dehors des frontières de notre réalité. Une déduction qui semble être partagée par Niels Bohr, prix Nobel de physique, vu qu’il déclarait en 1922 : « Toutes les choses que nous appelons réelles sont faites de choses qui ne peuvent pas être considérées comme réelles ».
Dès lors, si l’Esprit matriciel réside en dehors du champ sensible et mesurable, comment est-il possible de percevoir sa substance dans le monde accessible aux hommes ?
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À mon sens, si cette Force créatrice est la cause d’effets tangibles, sa signature doit obligatoirement être observable dans la nature. Il est donc possible d’entrevoir les mécanismes de cette matrice en endossant la mentalité d’un curieux insatiable, c’est-à-dire en ouvrant grand les yeux. Dans cette volonté, la spécialisation dans un domaine ou dans un autre serait une grave erreur, le Philosophe de la nature doit ouvrir le champ des possibles à tous les domaines scientifiques, de l’astronomie à la minéralogie, soit, en d’autres termes, à tous les phénomènes visibles entre le ciel et la terre. L’empreinte de la Force doit être présente partout, et comme le suggère la table d’émeraude, dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit. Le travail consiste à repérer ses traces puis à trouver les analogies qui les lient.
C’est en œuvrant à cette tâche qu´au XIIIème siècle de l’ère chrétienne le mathématicien Léonard Fibonacci remarqua qu’une suite arithmétique était liée à la génération dans le monde biologique. Dans la progression de cette suite, chaque nouveau nombre est la somme des deux autres qui le précédent, soit 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144… et ainsi de suite. Plus les nombres deviennent élevés, plus le rapport entre un nombre et celui qui le précède tend vers une constante mathématique d’une valeur de 1,618. Ce rapport de proportion était défini par le père de la géométrie grecque, Euclide, comme le partage d’un segment entre extrême et moyenne raison. Cette proportion, que l’on retrouve dans la phyllotaxie du monde végétal, semble être un modèle universel, se répétant invariablement dans toutes les créations de la nature.
On observe ainsi des arrangements spiralés de cette matrice numérique dans les fleurs, le chou romanesco et la pomme de pin, mais aussi dans la coquille des nautiles et des gastéropodes. Ces analogies sont tout à fait stupéfiantes parce qu’elles ne se limitent pas à ces quelques exemples ; elles trouvent un écho universel dans les 3 règnes du monde vivant : le minéral, le végétal et l´animal. La nature fait de la géométrie, automatiquement, sans équerre ni compas. La nature n’a pas besoin de plan, elle est le plan. Son architecture, surtout lorsqu’elle s’exprime de manière hélicoïdale (« hélicoïdale » et « hélice » ont la même racine étymologique qu’Hélios, le dieu solaire des Grecs) et logarithmique, est tout simplement éblouissante. Je ne comprendrais jamais pourquoi la plupart d’entre nous restent encore stoïques devant une telle beauté et une telle élégance ? N’ont-ils pas d’yeux pour voir ?
De nos jours, le rapport égal à 1,618 est plus connu sous l’appellation du « nombre d’or ». Il fut popularisé par Matila Ghyka au XXème siècle et résulte d’un croisement entre la sémantique et la mystique. L’étymologie du mot « or » vient d´« aor », « aour », « aur » ou « our » dans les langues sémitiques et se traduit par « la Lumière ». Lorsqu’on se souvient du prologue de l´Évangile de Saint-Jean où il est écrit : « le Verbe était dieu (…) Le Verbe était la vraie Lumière », la corrélation entre Dieu, le Verbe, la Lumière et le nombre d’or devient plus qu’évidente pour un des modes de pensée chez les mages : le raisonnement synonymique. Si vous cherchiez une preuve concrète de l’existence de Dieu, le nombre d’or donnerait à votre argumentation une dimension factuelle qu’il serait difficile de réfuter. D’autant plus que le symbole grec du nombre d’or : Φ, définissait chez les premiers adorateurs du Christ « la Force de Dieu », « la Volonté » (« le Telesme » de la table d’émeraude) ou le principe de concentration de l’Esprit dans la matière.
La signature de Φ se manifeste aussi dans l’anatomie humaine. Parmi la multitude d’exemples que nous pourrions citer, le cas du nombril est le plus significatif. En effet, sachant que le mot « nombril » est l’homologue phonétique de « nombreel », les cabalistes le décomposeraient en « nombre » et « el » pour en trouver la substantifique moelle. Comme el est le nom de Dieu donné par les Sémites de l’Antiquité, ce point – si spécial au regard de l’homme de Vitruve – est la révélation physique de la signature divine dans les proportions du corps humain. D’une part, c’est à partir de là que l’énergie nourricière de la mère nous fut insufflée ; d’autre part, et c’est en cela qu’il nous intéresse ici, il divise en moyenne la distance entre les pieds et la tête par le rapport du nombre d’or. Le verset 1:27 de la genèse qui déclare que « l’homme a été bâti à l’image de Dieu » n’est donc pas une parabole, il doit être compris de manière littérale, au premier degré.
Le dictionnaire Larousse nous explique que : « Φ est la 21ème lettre de l'alphabet grec (21=3x7), correspondant, en grec ancien, à un « p » aspiré et, en grec moderne, à un « f ». Il est transposé par « ph » dans les mots français issus du grec ». La première syllabe des mots « Philosophie », « physique », « phyllotaxie », « firmament », « Force » et « Feu » souligne le rapport intime que ces mots entretiennent avec le nombre d’or. L’étymologie est une science à manier avec le plus grand sérieux, parce que, comme vous avez pu vous en rendre compte précédemment, les clefs d’investigations qu’offre cet outil sont inégalables.
Devant toutes ces
sympathies, il me semble peu présomptueux d’affirmer que Φ, véritable pivot tourbillonnant de l’harmonie
universelle (à entendre « uni vers el »
ou « uni ver sel », soit « sel vert uni » pour une
lecture de droite à gauche), est l’empreinte organique d’une matrice créatrice,
dont la structure est assujettie aux lois de la géométrie et de l’arithmétique.
Platon l’avait très bien compris puisqu’il déclara : « Dieu, toujours, fait de la géométrie » et « la géométrie attire l'âme vers la vérité, et
forme l'Esprit Philosophique, en forçant l'âme à porter en haut ses regards, au
lieu de les abaisser ».
Pour leur part, les
historiens racontent que le nombre d’or fut baptisé « phi » afin d´honorer le
sculpteur Phidias (480-430 av. J.-C.), célèbre pour avoir
participé à la construction du Panthéon d’Athènes, où le rapport si précieux
est exalté dans les proportions de la façade. Devons-nous être estomaqué par le
fait que le nombre d’or était déjà utilisé cinq siècles avant l’ère chrétienne
chez les architectes grecs, mais également, d’après les travaux de René Adolphe
Schwaller de Lubicz (1887-1961), chez leurs confrères Égyptiens ? Absolument
pas, car tous les Artistes, dignes de cette majuscule, ont toujours essayer de
faire résonner leurs œuvres avec cette signature si particulière. Dans leur
désir de singer la nature (à entendre « saint G », où G est une présentation
graphique de la spirale), ils attribuèrent à Φ
le canon ultime de la beauté. À chaque fois que Φ est utilisé, c’est un hommage syncrétique à la
nature et au créateur qui est célébré. Depuis les grandioses pyramides du
plateau de Gizeh jusqu’aux peintures abstraites de Kandinsky, Φ a toujours été l’apanage du génie Artistique et la
marque d’une relation symbiotique avec l’univers. Cette forme d’expression est
assurément née d’une nécessité, celle de révéler et de glorifier dans le monde
matériel l’intelligence invisible de la création divine.
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N’en déplaise à nos
contemporains, l’Art d’avant le XXème siècle n’avait rien en commun
avec les ‘‘œuvres’’ d´aujourd´hui. Le mot «
art » est devenu, malgré lui, un
terme fourre-tout dans lequel n’importe quelle création plastique peut trouver
sa place. Il suffit de fréquenter les galeries pour prendre conscience que
l’‘‘art’’ est devenu une mascarade intellectuelle et une pollution visuelle sur
laquelle des gens mal intentionnés ou des charlatans essayent de faire leur
fortune. En 1973, Jean Phaure décrivait déjà ce
courant avec l’objectivité qu’il méritait : «
l'art moderne est une magie noire, parfois au sens le plus opératif du terme,
et a pour fonction eschatologique, comme la psychanalyse, de replacer dans le
champ de notre conscience notre infra-psychisme peuplé de tous les résidus
psychiques et démoniaques qui avaient dans les phases précédentes du Cycle été
contenus dans ces caves par l'art sacré, les religions et la connaissance
initiatique ». Nul besoin de s’affranchir d’un doctorat en histoire de
l’art pour s’apercevoir que la créativité est, en comparaison avec les
réalisations de notre passé, la victime d’un processus de destruction
commandité. En effet, comment peut-on mettre sur le même piédestal les tableaux
de Jackson Pollock (1912-1956) avec ceux de
Michel-Ange (1475-1564), de Raphaël (1483-1520) ou de Botticelli (1445-1410) ? Malheureusement pour notre éveil et notre
bien-être, cette forme imposée de terrorisme intellectuel ne se limite pas aux
frontières de l’art, mais pourri tous les piliers sur lesquels reposent
l’affranchissement d’une société saine et équilibrée.
À cela, il faut ajouter
que la créativité d’une personne ne fait pas obligatoirement d’elle un Artiste.
Les maîtres sont formels et sont toujours là pour en témoigner ; on ne devient
pas Artiste du jour au lendemain, perfectionner son Art demande beaucoup de travail
et une ascèse spirituelle de tous les instants. Sans être passé par la
purification et la rectification de son âme – faire preuve de sainteté – il est
pratiquement impossible de recevoir l’inspiration divine, de résonner avec la
Force et ne faire qu’un avec la grâce de sa quintessence pour produire quoique
ce soit. Léonard de Vinci (1452-1519) enfonce le clou un peu
plus profond dans la chair des prétendants, bien souvent sans talent, en
suggérant que la qualification d´Artiste se mérite effectivement en haut lieu :
« l'artiste, sans cesse occupé à
contempler la création, rend au créateur un perpétuel hommage. Notre étude si
patiente de l'œuvre divine, demande plus d'efforts que de chanter matines ». L’Art
induit donc une relation fusionnelle avec le sacré, et en ce sens, il se doit
d’être un reflet de l’espace matriciel. Afin d’y parvenir, chaque détail doit
être mûrement réfléchi, mesuré et pesé. Absolument aucun élément ne peut être
le fruit du hasard. Et comme le soulignait Jean Phaure,
ce type de travail est aux antipodes de l’art spontané. Les proportions
arithmétiques et les tracés géométriques régulateurs organisent une composition
harmonieuse et résonnante. Le choix des couleurs s’accorde au symbolisme des
figures et des volumes. Les archétypes mythologiques et religieux se mêlent aux
références cabalistiques en tout genre. Et bien sûr, ne jamais oublier de se
souvenir du caractère Hermétique de la forme, c’est-à-dire, comme le stipule
l’adage de la tradition : « montrer, signifier, et cacher… tout à la
fois ». La divinité ne montre pas… elle suggère !
Dans le magma supérieur
de l’esprit créatif, et puisqu’elle est souvent considérée comme la pierre
angulaire de tous les Arts, l’architecture occupe une place privilégiée dans la
relation qu’elle entretient avec les éléments naturels. La synchronisation
entre les propriétés d’un temple et les cycles temporels a toujours été l’un
des secrets les mieux gardés par les hautes sphères initiatiques des castes
sacerdotales. C’est dans la résolution de la quadrature du cercle que la
bâtisse est élevée vers le sacré, et fait ainsi valoir sa fonction opérative en
conjuguant les énergies célestes et terrestres en son sein. Lorsqu’un temple
est construit dans les règles de l’Art, sa forme géométrique donne à l’espace
son orientation, et, comme une aiguille le ferait sur un cadran solaire, elle
donne aussi la mesure du temps. En cela, la connaissance scientifique des
cycles cosmiques élève l’Architecte au rang des initiés, et, dans cette
finalité, il ne peut pas en être autrement.
Malheureusement pour l´Humanité,
peu de personnes comprennent véritablement les systèmes de codage employés dans
les œuvres d’Art de nos ancêtres. Et même si leurs tentatives sont couronnées
de succès, la doxa universitaire les labellise automatiquement comme de doux
illuminés. Cette étiquette justifie d’autant plus l’approche des Arts par le
prisme de la psychologie chez les modernes, car il faut bien tenter d’apporter
une explication, même fantasmagorique, sur les allégories, les métaphores et
les paraboles de la culture traditionnelle de nos maîtres. Quoi qu’il en soit,
nous allons essayer de décrypter quelques œuvres pour ce qu’elles furent
réellement tout au long de cette thèse. Dans cette optique, la meilleure
manière de s’y atteler est d’utiliser les outils qui nous ont été légués, et
dans cette virtuosité, la mesure des Arts Libéraux est incontournable.
Les Arts Libéraux sont
au nombre de 7 et se divisent en deux voies : le Trivium et le
Quadrivium.
-
Le Trivium se définit par
l’expression du Verbe (la Lumière) par les mots. Il
se divise en 3 matières : la
grammaire, la dialectique et la rhétorique.
-
Le Quadrivium se rapporte aux
pouvoirs des nombres, soit l’expression du Verbe par les mathématiques et se divise en 4 matières :
l’arithmétique, la musique, la géométrie et l’astronomie.
Aux côtés de ces 7
voies, un axiome linguistique issu de la cabale Hermétique, appelé la langue des oiseaux, vient
compléter la palette déjà bien fournie de l’Artiste. Cet argot, qualifié de
solaire, dont les principes sont sanctifiés dans l’apparence de son initiateur
à la tête d’ibis, Djéhuty-Thot, se
base exclusivement sur l’assonance des mots, sans jamais prendre en compte les
règles de l’orthographe et de la grammaire. Richard Khaitzine (1947-2013) – l’ami qu’on aurait aimé avoir près de soi – en
parlait de la sorte : « Cette langue des
oiseaux, c’est celle révélée par Jésus aux apôtres par l’intermédiaire de son
Esprit, l’Esprit Saint. Souvenez-vous de cet épisode tiré des Évangiles. C’est
la période de la Pentecôte et les apôtres reçoivent le Don des langues sous
forme de langues de Feu, le Feu étant un synonyme d’Esprit. Mais dans ce cas,
vous demandez-vous, pourquoi l’appelle-t-on la langue des oiseaux ? Parce que
l’Esprit Saint, de nature volatile, est fréquemment symbolisé par un volatile,
un oiseau, souvent une colombe. »
Dans le but de colmater
les faiblesses du langage et de fournir les dernières clefs indispensables à
l’ouverture du royaume fermé des mages, le disciple d’Hermès utilisera un autre
vecteur de transmission, encore très mal compris de nos jours : le symbole.
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Le symbole joue un rôle
plus que singulier : stimulant uniquement la psyché, ce signe figuratif
relie l’homme à son imagination et connecte sa pensée à des sphères indescriptibles
par les mots. En effet, le son d’un mot est une vibration que l’ouïe peut
entendre, et, dans cet état, il possède déjà une manifestation matérielle. Le
mot coupe maladroitement la dynamique de l’idée qu’il souhaite définir ;
c’est précisément pour remédier à cette faiblesse que l’emploi du symbole
démontre toute son efficacité. Par la création d’un pont entre le créé et
l’incréé, ce mode de lecture donne la possibilité au mental de traverser le
miroir des apparences, d’entrevoir l’envers du décor, en dehors de l’espace et
du temps. Ferdinand Brunetière (1849-1906) précisait : « Le symbole est image, il est pensé… Il
nous fait saisir entre le monde et nous quelques-unes de ces affinités secrètes
et de ces lois obscures qui peuvent bien passer la portée de la science, mais
qui n’en sont pas pour cela moins certaines, tout symbole est en ce sens une
espèce de révélation. ».
Si une image vaut mille
mots, comme le suggère l’antique sagesse taoïste, un symbole vaudrait mille
images.
Nous ne pouvions pas
continuer cette introduction sans honorer le verbe aiguisé de René Guénon (1886-1951), parce que sa vie et son œuvre cristallisent à
elles seules une spiritualité sans concession. Il écrivait dans son livre Symboles
de la Science Sacrée : « Nous avons
déjà eu I’occasion de parler de l'importance de la forme symbolique dans la
transmission des enseignements doctrinaux d'ordre traditionnel (…) Pourquoi
rencontre-t-on tant d'hostilité plus ou moins avouée à l’égard du symbolisme ?
Assurément, parce qu'il y a là un mode d'expression qui est devenu entièrement
étranger à la mentalité moderne, et parce que l'homme est naturellement porté à
se méfier de ce qu'il ne comprend pas. Le symbolisme est le moyen le mieux
adapté à l'enseignement des vérités d'ordre supérieur, religieuses et
métaphysiques, c’est-à-dire de tout ce que repousse ou néglige l'esprit moderne
; il est tout le contraire de ce qui convient au rationalisme, et tous ses
adversaires se comportent, certains sans le savoir, en véritables rationalistes
(…) C'est ainsi que les vérités les plus hautes, qui ne seraient aucunement
communicables ou transmissibles par tout autre moyen, le deviennent jusqu’à un
certain point lorsqu'elles sont, si l'on peut dire, incorporées dans des
symboles qui les dissimuleront sans doute pour beaucoup, mais qui les
manifesteront dans tout leur éclat aux yeux de ceux qui savent voir (…) Si le
Verbe est pensé à l'intérieur et parole à l'extérieur, si le monde est l'effet
de la Parole divine proférée à l'origine des temps, la nature entière peut être
prise comme un symbole de la réalité surnaturelle. Tout ce qui est, sous
quelque mode que ce soit, ayant son principe dans l'intellect divin, traduit ou
représente ce principe à sa manière et selon son ordre d'existence ; et, ainsi,
d'un ordre à l'autre, toutes choses s'enchaînent et se correspondent pour
concourir à l'harmonie universelle et totale, qui est comme un reflet de la
trinité divine elle-même. Cette correspondance est le véritable fondement du
symbolisme et c'est pourquoi les lois d'un domaine inférieur peuvent toujours
être prises pour symboliser les réalités d'un ordre supérieur, où elles ont
leur raison profonde, qui est à la fois leur principe et leur fin. »
Dans sa figuration
vulgaire, le saint bol prend la forme d’une coupe ou d’un calice, lors du
rituel magique de la messe, au moment du sacrement eucharistique, il recueille
le sang Christique – liquide métaphorique du fluide cosmique. L’évocation d’une
substance aqueuse rappelle inévitablement la façon dont les Hermétistes
associaient le comportement de l’Esprit mercuriel avec un océan primordial. En
suivant le raisonnement analogique, le symbole remplit exactement la même
fonction que son homophone, révélé par la langue des oiseaux, à savoir que le
saint bol est le réceptacle et le révélateur dans le monde tangible, des
principes indicibles de la matrice universelle.
Je conçois que pour la
plupart d’entre vous l’Hermétisme paraît bien mystérieux, voire même
chimérique, d’autant plus que ce courant philosophique propose des perspectives
historiques et scientifiques que la pensée dominante qualifie d’irrationnelles
d’emblée. J’entends déjà la rhétorique des plus endoctrinés : « comment l’homme de l’Antiquité
pouvait-il connaître ce que la science moderne commence à peine à entrevoir
? Ne sommes-nous pas supérieurs à ces
bouseux du passé ? »
Eh oui, et quoi qu’il en
pense, l’Homme d’aujourd’hui n’a pas conscience de son ignorance. Mais, il ne
faudrait surtout pas lui jeter la pierre, car, depuis les bancs de l’école
maternelle jusqu’aux amphithéâtres des universités, il est poussé à répéter
naïvement ce qu’on lui apprend. Et vu que la majorité a grandi dans le même
système, il est logique que les gens “normaux” soient tous formatés de la même
manière. À sa décharge, il faut reconnaître que la quête du savoir, de
l’enrichissement intellectuel et culturel est une activité qui n’est plus
valorisée. Absolument rien n’est organisé pour nous encourager à lire les
ouvrages des bibliothèques et à multiplier nos connaissances générales. Ce
triste constat est l’inexorable conséquence d’une éducation régalienne
constamment nivelée vers le bas, de la propagation et la normalisation de la
culture de l’artificiel (au détriment du naturel), de la promotion et la
standardisation de la médiocrité par les médias dominants, de l’abrutissement
et la manipulation hypnotique des masses par la télévision. Et surtout, du déni
toujours croissant d’un royaume spirituel transcendant et salvateur. C’est un
fait, on ne compte désormais plus les amis qui sont très fiers de leur
agnosticisme… Quelle tristesse !
À l’aube du XXIème
siècle, l’effondrement de la pensée est à l’image de la décadence, de la
dégénérescence et de la déchéance de notre civilisation. Cette sclérose
intellectuelle est devenue un obstacle de plus en plus épineux à franchir pour
ceux qui prennent les chemins de l’évolution spirituelle, de l’émancipation
personnelle ou de la voie gnostique. Le conditionnement social est tellement
puissant que les intrépides, ceux qui osent encore réfléchir par eux-mêmes,
sont souvent mis sur le banc des infréquentables et sont malheureusement sujets
à la moquerie. Il faut faire preuve d’une sacrée force de caractère pour se
libérer de la vindicte populaire et du jugement d’autrui. Ce travail demande
une profonde et délicate introspection sur soi-même ; très peu de personne
sont prêtes à souffrir pour dissoudre les illusions du quotidien afin de s’en
libérer complètement. Être capable de vider son calice de toutes les scories,
pour ensuite le remplir à nouveau d’une lumière plus radieuse, est un
accomplissement qui se mérite sur la durée.
La prudence, la
tempérance, la force d’âme et la justice sont les vertus cardinales nécessaires
à l’ouverture du royaume de Dieu. Si la persévérance est notre loyal serviteur
sur le chemin de la vérité, l’essence verticale du Feu solaire illuminera nos cœurs, et le travail entrepris sera
toujours couronné de succès. Sans cette quête spirituelle, je n’aurais
probablement jamais trouvé le courage de partager avec vous ces quelques
lignes, parce que les courants métaphysiques sur lesquels les vents de cette démonstration
vont nous porter sont ridiculisés par l’orthodoxie du système éducatif est très
mal compris par la culture globalisée d’aujourd’hui. Cette thèse n’aurait
jamais pu devenir une pierre originale portée à l’édifice, si nos préjugés
habituels n’avaient pas été surpassés, si les terres de l’inexploré n’avaient
pas été repoussées et si notre réalité n’avait pas été transcendée.
Pour ce faire, l’étude
scientifique et syncrétique des principaux symboles religieux est l’axe majeur
– son axis mundi – autour duquel cette thèse
va évoluer. Tel un Jason moderne en quête de la Toison d’or, guidé par la
clarté de l’étoile polaire, nous naviguerons sur les océans vibratoires les
plus mystiques et les moins inimaginables. Je vous invite donc à explorer la
science sacrée à bord de mon vaisseau, à lever le
voile sur la nature naturante du Saint-Esprit et à larguer les amarres
vers les mystères les plus absolus de tous : la création et l’origine de
l’espace-temps.
Ludovic Nicolas